Un tour de manège ?
Si je te dis que l'été, cette fois-ci, s'en est allé pour de bon, tu me répondras que tu t'en fous. Et tu as bien raison. On s'en fout, du temps qu'il fait, de la saison, de Frédéric Mittérand, de l'affaire Clearstream, du nouveau tailleur de Carla Sarkozy, de tout ça on s'en fout. Royalement. Le monde peut tourner sans. Encore heureux. Sauf qu'il faut faire avec. On fait bien avec le terrorisme, le sida, la Grippe A, le trou dans la couche d'ozone, les fous en liberté, la guerre... alors on n'est pas à ça près. Et si le monde ressemblait à un manège géant et qu'il tournait vraiment rond, il resterait quoi ? Il ne resterait peut-être que le plaisir d'être sous sa couette alors qu'il pleut dehors et qu'on est un lundi, le sourire de quelqu'un croisé dans la rue, le coucher du soleil sur la mer, les miettes de croissant qu'on ramasse avec les doigts jusqu'à la dernière, les fou-rires dont on se souvient encore pour des trucs complètement idiots, la douceur de la peau d'un bébé, le dernier chocolat qu'on retrouve caché au fond de la boite, le bouquet de fleurs qu'on nous a offert sans raison particulière, le petit café qu'on boit à la terrasse d'un café un matin de printemps, la soirée mémorable passée alors qu'on n'avait pas envie d'y aller, les compliments reçus pour le plat super compliqué qu'on a mis des heures à préparer, la place qui se libère dans un parking bondé, le sable des dernières vacances qu'on retrouve dans le panier oublié en haut du placard... Ne resterait-il pas que l'essentiel finalement ?